Le Contrôle parlementaire des finances de l’état
Le Contrôle parlementaire
des finances de l’état
Mohamed Toutaou
Introduction
Dans
les pays démocratiques, le contrôle de la gestion des finances publiques par le
parlement est directement issu de la Constitution. Cela se traduit par la
responsabilité du gouvernement devant le parlement qui représente la
souveraineté nationale émanant du peuple. Au cours de l'histoire
constitutionnelle marocaine, les techniques et les moyens du contrôle
parlementaire du gouvernement ont été diversifiés et approfondis. Les rapports
entre le gouvernement et le parlement penchent, semble-il, en faveur de
l'exécutif. Les pouvoirs du parlement dans ce domaine de contrôle ont été
réaménagés par la réforme constitutionnelle de 2011 de manière à renforcer la
place de la loi dans le pouvoir normatif. [1]Or,
l'élargissement formel du champ d'action du parlement par celle-ci ne devrait
pas signifier la prédominance du pouvoir législatif sur l'exécutif.
L'activité
du parlement est centrée sur deux fonctions : la législation et le
contrôle. La fonction du Parlement ne se limite pas en effet à faire la loi,
mais aussi à contrôler et à sanctionner le pouvoir exécutif. Les deux
Assemblées parlementaires (les représentants et les conseillers) ont acquis de
nouvelles prérogatives parmi lesquelles l'évaluation des politiques publiques,
qui leur sont désormais reconnus explicitement par l'article 70 de la nouvelle
constitution. Cette nouvelle compétence est bel et bien une invitation
explicite à l'action qui représente l'engagement dans la construction
démocratique[2] de
l'Etat de droit. En inscrivant dans la constitution cet article 70, le
constituant marocain confère au parlement une mission d'une importance de plus
en plus accrue. Dans cette perspective, la conjoncture internationale
caractérisée par une crise financière depuis 2008 a un impact négatif sur la
situation économique et financière du Maroc[3],
ce qui implique le développement des moyens et des méthodes de contrôle des
finances de l'Etat.
Le
contrôle exercé par les parlementaires sur gouvernement dans le domaine
des finances publiques est un contrôle
politique par sa nature et par sa finalité mais aussi d'ordre juridique. Il
représente le fondement de la légitimité de l'action publique et la régularité
des dépenses publiques[4].
Ce modèle de contrôle parlementaire sur les finances a longtemps été marginal
et n'apparait pas de prime abord comme une priorité, d'aucuns pourraient
confirmer son inexistence, du moins en ce qui concerne la publication du «
bilan d'étape de l'action gouvernementale »[5].
Le pouvoir législatif considère que sa mission de contrôle s'exerce au moment
du vote de la loi de finances6 (article 50 de la constitution) qui approuve le
cadre juridique des lois de finances[6]
en votant la Loi organique des finances (LOF). Toutefois, il s'agit d'un
exercice technique difficile et les parlementaires préfèrent consacrer leur
temps au contrôle des projets de loi de finances inscrits dans leur ordre du
jour. Le parlement a le souci de tracer ses prérogatives de contrôle en dépit
du travail de ses commissions permanentes, des commissions d'enquête et des
questions au gouvernement. En outre, ces moyens de contrôle suscitent certaines
difficultés techniques et des critiques à caractère politique et juridique
notamment quand il s'agit des finances de l'Etat. Ces difficultés peuvent en
effet nuire à l'efficacité du contrôle exercé par le parlement
La
gestion des finances publiques implique un contrôle rigoureux qui se manifeste
d'ailleurs dès la procédure d'élaboration des lois de finances. L'adoption de
ces dernières est soumise à une procédure exceptionnelle différente de celle
d'élaboration de la loi ordinaire. Dans la mesure où l'exercice budgétaire
repose sur les chiffres vérifiés, des faits précis et certifiés, le contrôle
des finances de l'Etat par le parlement peut être représenté comme un domaine
d'objectivité et de rigueur. A cet égard, le contrôle des finances se situe au
centre de la transparence et de la démocratie qui représentent les bases de la
« bonne gouvernance»[7]
des affaires publiques. C'est d'ailleurs dans cette perspective que le
constituant marocain a cherché de renforcer la gouvernance des finances avec la
création d'une nouvelle Commission permanente parlementaire de contrôle des
dépenses de l'Etat. Or, la question qui se pose est de savoir si le parlement
avec la capacité humaine dont il dispose pourrait exercer ce contrôle des dépenses
et des recettes de l'Et Michel Armelle estime que << c'est à l'étendue de
leurs moyens de contrôle que se mesure aujourd'hui la forces des Assemblées
parlementaires >>[8].
Certes, le pouvoir de contrôle parlementaire est affirmé par les textes
juridiques, mais semble nié dans la pratique le pouvoir législatif a vu ses attributions
renouveler en parallèle avec l'évolution des finalités du contrôle des dépenses
et des recettes publiques. Le parlement, agissant au nom des citoyens, ne doit pas
limiter sa fonction au vote de loi budgétaire, mais aussi a suivre
l'application et l'évaluation de cette loi afin d'en assurer l'efficacité.
Cette efficacité ne pourraitêtre garantie par un contrôle classique des
dépenses de l'Etat, mais aussi par l'évaluation de ces dépenses pour maniéré
opérationnelle. Afin de mener à bien cette fonction, le parlement a le droit d'accès
aux informations relatives à l'exécution du budget de l'Etat.
Le
pouvoir législatif exerce son rôle de contrôle au moment de vote de loi de
finance, mais aussi lors de l'examen des lois de finances rectificatives. Les
dispositifs du contrôle ont été renforcés et concernent le contrôle exerce
aussi bien lors de l’exécution de la loi
de finances que lors de contrôle Effectue
à postériori au loi de règlement[9] et dont le parlement pourrait être assisté par la cour des comptes I cette
loi de règlement devrait déterminer dans quelle mesure l'exécution de
la loi de finance votée . Ce suivi de
l’exécution de la loi de finances est
conforme à la loi de de finance
votée . ce suivi de l’exécution de la loi de finances permet
d’etablir et consacrer la la mission parlementaire d'évaluation. Cette
prérogative devrait renforcée le pouvoir de contrôle et d'évaluation des
politiques publiques (II)
[1]. MELLONI David, <<
La Constitution marocaine de 2011: une mutation des ordres politiques et
juridiquesmarocains », Pouvoirs, nº145- Le Maroc, avril 2013, p.5-15.
[2]. Cf. MESMOUDI. Mohammed,
<« La gouvernance financière publique au Maroc, du contrôle des fi- nances
publiques à l'évaluation des politiques publiques», Haut-Commissariat au Plan, https://www.tgr.gov.ma
[3]. Le premier président de
la Cour des Comptes dans son Rapport
d'activités relatif à l'exercice 2012 avait précisé que << L'année 2012 a
été marquée par la persistance du marasme économique qui a touché bon nombre de
pays dont, particulièrement, ceux dela zone Euro, ce qui a impacté négativement
la situation économique et financière de notre pays >> .
Bulletin Officiel N° 6228 bis du 6 rabii II 1435 (6 février 2014), p
637.
[4] . TURK Pauline, Le contrôle parlementaire en
France, LGDJ,2011, p. 166.
[5] . Article 101 de la nouvelle constitution
marocaine de 2011.
[6] . La loi de finances
comprend deux parties : La première partie arrête les données générales de
l'équilibre financier et la deuxième partie arrête les dépenses pour chaque ministère
ou institution. Projet de loi organique relative à la loi finances (LOF), Maes
2014, http://www.sgg.gov.ma
[7] .une bonne gouvernance
selon le fonds monétaireInfernale (FMI) << est une vaste notion qui
englobe tous les aspects de la gestion des affaires d'un pays, notamment la
politique économique, le cadres règlementaire et l'état de droit. La corruption
–l'abus d'autorité ou de confiance dans l'exercice de la puissance publique
détournée à des fins d'enrichissement personnel – y est étroitement liée, la
mauvaise gouvernance ouvrant la voie aux abus et incitant davantage à la
corruption. La corruption
[8] .